Malgré la crise, les revenus du secteur des paiements devraient croître de 7,3% les cinq prochaines années

Paris, le 11 octobre 2021 - Les revenus globaux du secteur des paiements n’ont connu qu’une baisse marginale de 2,5 % entre 2019 et 2020. La pandémie de COVID-19 a laissé craindre un ralentissement plus fort encore de la croissance des revenus du secteur. En réalité, malgré une baisse du volume des transactions dans les premiers mois du confinement, le marché des paiements a su absorber rapidement les bouleversements économiques et faire face à la crise avec une agilité plus forte que d’autres secteurs.

Cette résilience exceptionnelle laisse même envisager une croissance des revenus globaux du secteur de 7,3% dans les cinq prochaines années, puis de 6,4% entre 2025 et 2030. Ils atteindraient 2,9 trillions de dollars en 2030 contre 1,5 trillion de dollars aujourd’hui. C’est ce que révèle la 19e édition du rapport annuel Global Payments du Boston Consulting Group (BCG) intitulée All in Growth.

Une forte résilience du marché des paiements

La résilience du secteur face à cette crise mondiale est due en partie aux mesures de relances des gouvernements et à l’agilité et la reprise rapide des marchés chinois et américains.

“ Le secteur des paiements a démontré sa capacité de transformation, d'adaptation et de soutien aux particuliers et aux entreprises depuis le début de la crise. La résilience des acteurs du paiement a contribué au rebond de l’économie mondiale”, résume Yann Sénant, Directeur associé senior au BCG et responsable mondial des activités Paiements. “Cette croissance du secteur attire de nouveaux acteurs qui accélèrent le rythme des innovations. Au cours des prochaines années, nous assisterons probablement à une "plateformisation" du marché, avec l’accélération des modes de paiement digitalisés. En conséquence, les acteurs traditionnels vont être contraints de repenser leur positionnement, leurs offres et leurs modes de fonctionnement.”

Une croissance positive de l’ensemble du marché, tirée par la Chine

L’Asie, sous l’impulsion de la Chine, domine le secteur des paiements avec un taux de croissance annuel moyen de 8,8 % prévu entre 2020 et 2025. La région est dynamisée par le boom des transactions mobiles en Chine : elles sont passées de 7 000 milliards de dollars en 2016 à 37 000 milliards de dollars en 2020. Ce succès du paiement sans contact et des plateformes AliPay et WeChat a attisé les ambitions d’une pléiade de nouveaux acteurs. La région a ainsi attiré 44 % des fonds qu’ont reçus les fintechs dans le monde au premier trimestre de 2021.

En Europe, le marché des paiements connaîtra un taux de croissance annuel moyen de 5,3 % les cinq prochaines années. L’Europe de l’Est va continuer de porter la croissance de la région (8,3%). Pour mieux résister à la pression de la concurrence internationale, les acteurs européens ont entrepris un mouvement de consolidation paneuropéen. 31 banques et institutions financières ont en effet rejoint la European Payments Initiative afin d’harmoniser l’infrastructure européenne des paiements.

L’Afrique et le Moyen-Orient devraient voir leurs taux de croissance annuels moyens augmenter de 6,9% entre 2020 et 2025, ce qui en fait l’une des régions les plus solides du secteur des paiements. Le Moyen-Orient connaît une pénétration mobile proche de 100%, tirée par une population active jeune, internationale et digital native et par l'émergence de néobanques et d’acteurs de prêts alternatifs.

De nouvelles tendances qui vont redessiner le marché des paiements

La crise a nettement accéléré deux tendances de fond qui vont profondément restructurer le marché des paiements : l’effondrement de l’utilisation du cash au profit du paiement digitalisé, et l’adoption croissante du e-commerce.

Au cours des prochaines années, l’industrie va profondément évolué sous l’effet de 5 tendances majeures :

• Une meilleure intégration des paiements. L’explosion du digital favorise l’émergence de solutions de paiements sur un nombre croissant de plateformes, multipliant les opportunités de partenariats et de revenus supplémentaires pour les acteurs traditionnels.
• Un engagement et réinvestissement fort des banques traditionnelles dans les activités de paiement. Leur objectif : nouer des alliances afin de combiner leur puissance de distribution et l’efficacité, la vitesse et les capacités technologiques de pointe d’acteurs fréquemment issus du monde de la tech.
• L’open banking, qui reste une priorité des régulateurs du secteur. En favorisant l’ouverture du secteur, cette tendance devrait contribuer à la reconfiguration de l’écosystème et la modernisation des infrastructures de paiement.
• Une accélération de la consolidation du marché. Si les fusions et acquisitions ont été plus rares durant la pandémie, elles ont repris en 2021 et ce phénomène devrait se poursuivre, particulièrement en Asie-Pacifique et Amérique Latine.
• Enfin, la montée en puissance des crypto assets et de la finance décentralisée (« defi ») qui a accéléré le lancement de monnaies numériques émises par des banques centrales (CBDC). Si les cryptomonnaies demeurent encore peu utilisées par le grand public et posent encore des difficultés de sécurité et de réglementation, leur potentiel de transformation du marché des paiements (et au-delà de l’ensemble du système financier) est réel.

Méthodologie

Analyse BCG qui s’appuie sur les données de SWIFT, premier fournisseur mondial de services de messagerie financière sécurisée. Au-delà de cette analyse globale, le rapport fait également le point sur le secteur région par région : Europe, Asie-Pacifique, Amérique du Nord, Afrique et Moyen-Orient.

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