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Ferraille : la pénurie de scrap à venir met à risque la décarbonation de l'industrie de l'acier

Paris—Alors que la production d'acier représente 7% des émissions mondiales de CO2, les déchets métalliques, plus communément appelés ferraille (ou scrap en anglais) deviennent un matériau stratégique pour verdir la production d’acier. Issus de la production industrielle (prime scrap) ou de produits en fin de vie tels que les carcasses de voiture ou l’électroménager (shredded scrap), ils sont de plus en plus recyclés et utilisés dans la production d’acier. A l’heure où les industriels travaillent à réduire leurs émissions de CO2 et leurs coûts, ce gisement de matière est particulièrement convoité et la demande explose : d’ici 2030, la demande de ferraille excédera largement l’offre des circuits de valorisation actuels et impactera les échanges commerciaux selon un récent rapport du BCG intitulé “Shortfalls in Scrap Will Challenge the Steel Industry”.

En voici les principales conclusions:

Une demande de ferraille en hausse, portée par les objectifs de réduction des émissions carbone de l’industrie:

  • D’ici 2030, la demande mondiale de ferraille devrait augmenter de 3,3% par an sur la période 2021-2030 pour atteindre 883 millions de tonnes, tandis que l’offre et les circuits de récupération des déchets métalliques peinent à suivre le rythme avec une croissance annuelle estimée à 3% (soit 868 millions de tonnes en 2030). Cette hausse de la demande est particulièrement marquée en Chine (+5% par an) et aux Etats-Unis (+4% par an) contre 2% par an en Europe et en Asie. L’excédent actuel de 9 millions de tonnes de ferraille devrait ainsi se transformer en un déficit de 15 millions de tonnes à horizon 2030.
  • En termes de volume, la ferraille devrait représenter près de 50% du fer contenu dans nos aciers à horizon 2030. Une hausse qui s’explique par les nouvelles capacités de productions (fours à arc) en remplacement des anciennes capacités grandes consommatrices de charbon, et de la volonté croissante d’augmenter le recyclage.

Les risques de pénurie devraient redessiner la carte du commerce mondial:

  • Aujourd’hui le marché de la ferraille est un marché largement mondialisé : 17% de la production mondiale de ferraille - soit environ 110 millions de tonnes – fait l’objet d’échanges internationaux. Un chiffre qui pourrait diminuer de 15% d’ici 2030 pour atteindre 93 millions de tonnes entrainé par la hausse de la demande et la baisse des exportations (environ une soixantaine de pays dans le monde contrôlent déjà leurs exportations dont la Chine et les Etats-Unis). Comme d’autres métaux, la ferraille va devenir un enjeu de souveraineté pour de nombreux pays.
  • De son côté, l'UE envisage elle-aussi une série de mesures pour protéger ses matériaux stratégiques (Critical Raw Materials Act). D’ici 2030, les exportations européennes devraient diminuer de 23% avec des conséquences non négligeables pour les pays dépendants de ces exportations.

Anticiper les perturbations futures et investir dans les infrastructures de recyclage:

  • Face à ces défis, l’étude souligne l’importance pour les industriels d’anticiper dès maintenant les perturbations à venir en élaborant des projections précises sur la disponibilité des ressources en ferraille à court et à long-terme, en investissant dans des infrastructures et technologies de recyclage, et en développant des business model adaptés. Faire évoluer les chaines d’approvisionnements est urgent pour faire émerger les modèles de circularité répondant à la demande croissante de matières recyclées.
  • A termes, les pays dotés des infrastructures de recyclage les plus développées pour exploiter et recycler la ferraille bénéficieront d’un d’avantage compétitif par rapport à certains pays en développement. A titre d'exemple, le secteur du recyclage en Inde fait face à une série de défis complexes avec des infrastructures de recyclage embryonnaires et une logistique de collecte des déchets sous-développée. De plus, le coût du transport des déchets des sites de recyclage aux aciéries est souvent prohibitif, rendant l'opération non rentable.
  • Les législateurs ont un rôle à jouer en encourageant les politiques de recyclage via des incitations fiscales et aides publiques.

Contact Presse:

Laure Mayoussier
BCG
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Louis Vidal
Little Wing
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