Rétention des talents : 24% des salariés français ne se projettent pas dans leur entreprise à horizon un an

PARIS—Près d’un salarié français sur quatre ne se projette pas au-delà d’une année dans son entreprise. C’est ce que révèle la dernière étude de BCG, menée en octobre 2023 auprès de 11 000 salariés dans huit pays (dont 1207 en France). Cette enquête vise à éclairer les dirigeants d’entreprises sur les critères de satisfaction et les priorités de leurs collaborateurs en 2024. En voici les principaux messages :

• À l’échelle des huit pays étudiés 28% des employés, qu’ils soient ou non en recherche active d’un nouveau poste, estiment qu’ils ne feront plus partie des effectifs de leur entreprise d’ici la fin de l’année prochaine. Cette part tombe à 24% s’agissant de la France. Un chiffre inférieur au Royaume-Uni (32%) mais supérieur à l’Allemagne (19%).
• A l’échelle internationale, les secteurs de la restauration, de la vente de détail et de la logistique sont les plus à risque. En France, c’est le secteur de la finance qui arrive en tête. 36 % des collaborateurs affirment ne pas se projeter dans leur entreprise à horizon un an.

Quels facteurs de motivation activer ? BCG a interrogé les salariés sur une vingtaine de critères différents, dont environ la moitié sont des critères fonctionnels tels que le salaire, les horaires et les avantages sociaux, et l'autre moitié des critères émotionnels tels que le fait de se sentir valorisé et soutenu. Cette étude minutieuse met en évidence l’importance des facteurs émotionnels pour attirer et retenir les talents. Toutefois la posture de l’employé impacte fortement les critères qui impactent le plus sa décision. Ainsi :

• Lorsque les salariés veulent changer de poste : les critères fonctionnels restent la première source de motivation pour les Français, avec en premier lieu le salaire (60 % des répondants), mais aussi les avantages sociaux (19 % des répondants), l’équilibre vie professionnelle-vie privée (17 %) ou encore les opportunités de carrière (16 %).
• Lorsque les salariés ont la possibilité choisir entre plusieurs postes : les facteurs émotionnels prennent alors davantage d’importance. Si le salaire reste le critère numéro 1, il est suivi par le besoin de se sentir traité de manière juste et respectueuse, l’envie de faire quelque chose qui plaît et pour laquelle on se sent compétent.
• Lorsque les salariés sont en poste : les facteurs émotionnels prennent totalement le pas quand il s’agit de fidéliser les salariés. Une fois en poste, le salaire n’est plus le critère qui incite à rester ou à partir. Il tombe même à la 25e place. Il est alors remplacé par la sécurité de l’emploi ainsi que le désir de faire quelque chose qui plaît et dans lequel on est bon.

Les managers, pierre angulaire de la rétention. Ce sont les managers qui ont le plus d’influence sur la qualité de la vie professionnelle des collaborateurs et qui peuvent le mieux répondre à leurs attentes sur le plan émotionnel. Ainsi, sur les huit pays étudiés, lorsque l’on compare les collaborateurs satisfaits de leur manager avec ceux qui ne le sont pas, on remarque que le risque de départ à un an chute de 72% quand la relation est bonne.

En France, cette propension est de 57 %. 42 % d’entre eux ne sont pas satisfaits de leur manager et 43 % ont le sentiment de ne pas être traités de manière juste au sein de l’entreprise. Réciproquement, le risque d’attrition chute de 42 % à 18 % lorsque les employés sont satisfaits de leur encadrement. Cet impact se vérifie également à l’international.

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Claire Lebret
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