Intelligence Artificielle : 86% des salariés souhaitent bénéficier d’une formation pour adapter leurs compétences

Paris—De ChatGPT à DALL-E, la nouvelle vague d’IA génératives transforme profondément le monde du travail. Comment la perception des employés et managers a-t-elle évolué ces dernières années ?

Pour y répondre BCG X, l’entité tech de BCG, publie le deuxième volet d’un baromètre lancé en 2018 avec pour objectif de mesurer l’impact de l’IA et des IA génératives sur les salariés. Cette enquête intitulée AI At Work: What People Are Saying a été menée auprès de 12 900 employés, managers et dirigeants dans plus de 18 pays dont la France (1 002 répondants). Elle souligne que les salariés sont de plus en plus optimistes quant à l'impact de l'IA - et en particulier de l'IA générative - sur leur emploi. Ce sentiment varie néanmoins selon le niveau de séniorité et les pays – 41% des salariés français se disent inquiets – et aspirent à davantage de régulation.

Les salariés plus optimistes malgré de fortes disparités selon le niveau de séniorité et les pays

• Les salariés plus optimistes qu'il y a cinq ans : lorsque l'on demande aux salariés quel est l’impact de l'IA sur leur emploi, plus d’un sondé sur deux (52%) se dit optimiste (+17 points par rapport à 2018). Par effet miroir, les salariés sont moins inquiets (30% vs 40% en 2018), soit une baisse de 10 points de pourcentage.
• Les salariés français sont parmi les plus inquiets : 41% des salariés français se disent préoccupés par l’impact de l’IA sur leur emploi (vs 30% en moyenne au niveau mondial). Sur les 18 pays sondés, la France se situe ainsi en deuxième position juste derrière les Pays-Bas (42%). En dépit des inquiétudes générées par l’IA, un Français sur deux est optimiste vis-à-vis de l’impact de l’IA sur son travail (52% au niveau mondial), un sentiment en forte croissance depuis 2018 (+ 25 pts de pourcentage en France). Parmi les pays les plus optimistes du panel, on retrouve le Brésil (71%) et l’Inde (60%).
• Les dirigeants, qui utilisent fréquemment les IA génératives, sont les plus optimistes : 62% des dirigeants se disent optimistes quant à l'impact de IA sur leur emploi contre seulement 42% des employés. Cet écart peut s’expliquer par le fait qu’une large majorité de dirigeants (80%) déclare utiliser au moins une fois par semaine des outils d'IA générative (vs 20% des employés). Par extension, 60% des employés n’ont jamais utilisé d’outils d'IA générative. Ainsi, si l’étude souligne que près d’un salarié sur deux (46%) a déjà expérimenté, au moins une fois, des outils d’IA générative, et qu’un quart déclare y avoir recours plusieurs fois par semaine, de fortes disparités existent selon le niveau de séniorité.
  

Former les salariés : une étape indispensable pour se préparer à l’impact de l’IA sur les emplois

A l’échelle globale, plus d’un tiers des répondants (36%) pense que leur emploi est susceptible de disparaitre à cause de l’IA (42% en France). Pour faire face à ces changements, 86% des répondants estiment qu'ils auront besoin de formation pour améliorer leurs compétences. Pourtant, seulement 14% des employés affirment avoir déjà suivi une formation (vs 44% des dirigeants).

“Les employés sont plutôt optimistes vis-à-vis de l’IA tout en considérant, pour plus d’un tiers d’entre eux, que leur emploi pourrait disparaître avec cette technologie. Ils sont, de ce fait, en demande de réponses concrètes sur la question des compétences et de la formation. Il est clé pour les entreprises de les accompagner en anticipant les impacts pour réagir à temps, en offrant à chacun les moyens de se développer au quotidien et en donnant de la visibilité sur les évolutions de carrière” souligne Vinciane Beauchene, directrice associée et global leader for Talent & AI au BCG. “

La règlementation et l’IA responsable, au premier plan des préoccupations des salariés

71% des répondants estiment que les avantages des IA génératives l'emportent sur les risques (69% en France). Cependant, près de 8 répondants sur 10 (79%) considèrent qu'une réglementation spécifique est nécessaire (83% en France).

Face à ces fortes attentes en matière de régulation, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à mettre en place des mesures pour garantir une utilisation responsable et éthique de l’IA. Là encore, les opinions des salariés sur l'efficacité de ces programmes varient considérablement selon le niveau de séniorité. Seulement 29% des employés estiment que leur entreprise a mis en place des mesures adéquates pour garantir une utilisation responsable de l'IA (vs 68% pour les dirigeants).

“L'IA responsable doit être une priorité pour tous les dirigeants. Les entreprises ne réaliseront pas le plein potentiel de l'IA générative si leurs employés mais aussi leurs dirigeants sentent que les risques – sociaux, environnementaux, opérationnels – ne sont pas maîtrisés. Mais envisager l’IA responsable ce n’est pas seulement atténuer les risques, c’est aussi encourager l'innovation et la productivité, générer de la valeur et bâtir un avantage concurrentiel pour l’entreprise" explique Nicolas de Bellefonds.

Mettre l’IA au cœur des priorités des dirigeants

Le rapport identifie trois recommandations clés pour guider l’action des dirigeants à travers la révolution de l'IA. Pour Vinciane Beauchene, “les salariés expriment de fortes attentes envers les entreprises. Pour y répondre et accompagner cette adoption les leaders peuvent se saisir de plusieurs leviers : encourager l’exploration et l’expérimentation responsables de l’IA par les salariés afin d’avoir une meilleure connaissance de ses atouts mais aussi de ses limites ; investir massivement et de manière continue dans le développement des compétences et, enfin garantir la mise en place de programmes d'IA responsables et éthiques.”

Méthodologie

Enquête menée auprès de 12 898 employés (frontline employees, soit des employés sans responsabilité managériale), managers (managers, salariés avec des fonctions encadrantes) et dirigeants (leaders) dans plus de 18 pays dont la France (1 002 répondants).

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