Paris—BCG, Heidrick & Struggles, et le Corporate Governance Centre de l’INSEAD publient les résultats de l’édition 2024 de leur étude sur la gestion des problématiques sociétales par les conseils d’administration. Cette enquête s’appuie sur les retours de 444 administrateurs et dirigeants d’entreprises cotées et non cotées Amérique du Nord (22%), en Europe (46%), en Asie-Pacifique (21%), en Afrique et en Amérique du Sud. Entre autres résultats, le rapport souligne que:
Une prise de conscience inédite des administrateurs
Alors que les attentes des citoyens, des pouvoirs publics et des parties prenantes économiques (actionnaires, clients, partenaires, etc.) n’ont jamais été aussi fortes envers les entreprises à l’échelle mondiale, l’étude souligne une réelle prise de conscience des conseils d’administration quant à la responsabilité des organisations dans la gestion des grands enjeux de société. Ainsi, près de 77% des administrateurs interrogés déclarent que c’est le rôle de l’entreprise que de prendre part à la résorption de problématiques sociétales dépassant le seul cadre de leur activité. Si 54% d’entre eux affirment que la performance économique doit malgré tout rester une priorité, 23% des répondants défendent, a contrario, que la prise en compte des sujets sociétaux est tout aussi importante.
Pour autant, si les conseils d’administration témoignent d’une réelle volonté de s’impliquer, comme en atteste, par exemple, la manière volontariste dont les entreprises en Europe ont accentué leurs efforts de reporting ESG en lien avec la directive CSRD, différents signaux attestent d’une compréhension parfois insuffisante par les administrateurs de certaines des disruptions qui transforment aujourd’hui leur environnement et leur activité. Une lacune qui fait ainsi peser de nouveaux risques sur leur organisation.
L’IA : le maillon faible des transitions en cours
En effet, au-delà de l’enthousiasme affiché par les répondants, l’étude révèle certaines vulnérabilités des entreprises face aux grandes dynamiques qui façonnent aujourd’hui la société et l’économie. Si respectivement 82% et 72% des administrateurs considèrent avoir une lecture claire des enjeux liés au développement durable ou à la géopolitique, seuls 48% appréhendent pleinement les implications de la montée en puissance de l’intelligence artificielle (IA). En conséquence, seuls 36% des répondants affirment se sentir en mesure de faire de l’IA un avantage stratégique pour leur organisation, qui tend plutôt être perçue comme un risque potentiel dans les années qui viennent.
Une telle proportion montre l’importance pour les entreprises d’accroître leurs investissements afin d’accompagner la montée en compétences des administrateurs pour mieux appréhender les nouveaux enjeux sociétaux telles que – entre autres – la généralisation de l’IA générative. À cet égard, les sondés soulignent que les entreprises sont à la manœuvre, avec 62% d’entre eux confirmant que leur conseil d’administration fait évoluer ses priorités de gouvernance et place la gestion des risques liés aux disruptions en haut de ses préoccupations. Et ce, alors que l’ampleur des changements en cours affecte de plus en plus le climat de confiance au sommet de l’entreprise.
La gouvernance à l’épreuve des disruptions
Le contexte de transformation atteint actuellement une ampleur telle que la gouvernance des entreprises tangue, avec de nouvelles tensions qui émergent au sein des instances dirigeantes. L’étude souligne ainsi que 29% des administrateurs considèrent que leur directeur général n’est pas aujourd’hui à la hauteur (ou pas assez impliqué) pour faire face aux disruptions en cours. Inversement, 26% des dirigeants considèrent, quant à eux, que leur conseil d’administration n’a pas les compétences nécessaires pour être un soutien efficace dans le cadre de cette phase de transition et d’incertitude.
Ce phénomène de défiance réciproque s’explique en partie par l’influence croissante des parties prenantes de l’entreprise – et notamment des actionnaires activistes – sur les conseils d’administration, pouvant parfois conduire à un désalignement de leur agenda avec celui de l’équipe exécutive, souvent moins volontariste en matière de gestion des enjeux sociétaux (a fortiori sur les questions climatiques). L’un des défis à relever pour l’adaptation et la résilience des entreprises face aux nouveaux enjeux sociétaux sera donc, dans les mois qui viennent, de reconstruire une cohésion stratégique dans la manière d’appréhender les transitions en cours pour à la fois en tirer parti sur le plan économique et apporter une réponse aux attentes croissantes des citoyens-consommateurs.
« Les tensions que nous voyons émerger entre le conseil d’administration et la direction générale autour de la réponse à apporter aux disruptions seront bien sûr difficiles à résorber. Néanmoins, le dissensus peut aussi être porteur de débats féconds susceptibles de faire émerger des orientations stratégiques innovantes, permettant de sortir par le haut de cette phase de turbulences. Cela va nécessiter un engagement de la part des administrateurs, mais également de la part du comité exécutif. Celui-ci ne doit plus fonctionner en circuit-fermé et accepter de s’ouvrir aux attentes des citoyens-consommateurs et des pouvoirs publics pour qui, plus que jamais, l’entreprise est aussi devenue un acteur politique » commente Louis Besland, associé d’Heidrick & Struggles à Paris et responsable de la pratique Sustainability en France.
« Les conseils d'administration ont accompli des avancées significatives sur l’année écoulée, notamment en matière de compréhension des enjeux liés à la transformation durable, l’IA générative et la géopolitique. Ces progrès leur permettent d’engager des dialogues constructifs avec les comités exécutifs dans l’objectif de développer de nouvelles sources d'avantage concurrentiel. Les efforts de formation doivent néanmoins être amplifiés afin de prendre la pleine mesure des transformations en cours et de leurs impacts sur la gouvernance des grands groupes » observe Stanislas Nowicki, directeur associé au BCG.
Méthodologie :
Pour la troisième année consécutive, le BCG, l'INSEAD Corporate Governance Centre et Heidrick & Struggles se sont associés pour comprendre, à travers cette étude, comment les conseils d'administration font face aux mutations sociétales en cours. Au-delà du changement climatique, ils se sont également intéressés, pour cette édition, aux enjeux liés à l’essor de l’IA générative et à la géopolitique. Pour ce faire, ils ont interrogé, courant 2024, 444 administrateurs et dirigeants (directeurs généraux et cadres exécutifs) à travers le monde, et conduit une douzaine de tables rondes réunissant plus de 130 administrateurs en Amérique du Nord (22%), en Europe (46%), en Asie-Pacifique (21%), en Afrique et en Amérique du Sud.
L'enquête couvre un large spectre de secteurs, dont la banque et la finance (19% des répondants) et l'industrie (19% également). Les administrateurs sont issus d’entreprises de tailles et de natures variées. 36% d'entre eux, notamment, siègent dans des conseils d'administration de sociétés cotées.
Contact presse:
Claire Lebret
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