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L’élimination du dioxyde de carbone (CDR) fait partie intégrante de l’atténuation du réchauffement climatique
L’élimination du dioxyde de carbone est essentielle pour atteindre les objectifs climatiques fixés par un consensus scientifique1 (GIEC, 2021) étant donnée les difficultés à décarboner efficacement l’industrie mondiale. La divergence entre les objectifs de réduction des émissions et les progrès réels liés à nos politiques actuelles renforce la nécessité d’une action urgente à cet égard. Alors que l’Accord de Paris, entré en vigueur le 4 novembre 2016, a galvanisé l’engagement mondial de limiter le réchauffement à +1,5°C, pour y parvenir, il faut que les CDR neutralisent les émissions résiduelles difficiles à réduire, notamment dans les secteurs dits «hard-to-abate » comme le ciment ou l’acier. Tous les scénarios du GIEC compatibles avec un réchauffement de +1,5°C ou +2°C incluent les CDR pour atteindre l’objectif Net Zero qui a émergé depuis la COP26. Pour des scénarios en ligne avec les trajectoires à +1,5°C et +2°C, les CDR doivent permettre d’éliminer entre 4,5 et 9 gigatonnes de CO₂ par an d’ici 2050.
Les méthodes de CDR ont une combinaison unique d’avantages, de co-bénéfices et présentant certaines limites, à équilibrer dans un portefeuille diversifié
Il existe un large éventail de méthodes de CDR qui peuvent être classées en trois catégories: élimination fondée sur la nature (par exemple, l’afforestation), processus naturels améliorés (par exemple, l’altération accélérée terrestre ou l’élimination du carbone par le biochar) et élimination fondée sur la technologie (par exemple, le BECCS2 ou le DACCS3 ). Chaque méthode varie en termes d’intensité technologique, de permanence, de potentiel de développement à l’échelle, de traçabilité et de coût. Par exemple, alors que la plupart des solutions fondées sur la nature peuvent être mises en place immédiatement pour des résultats économiques et environnementaux notables à moyen terme, les solutions reposant sur la technologie offrent une plus grande durabilité, respectant le principe de like-for like pour les émissions fossiles, sont actuellement plus coûteuses et moins matures sur le plan technologique.
Les CDR peuvent devenir une industrie mondiale de près de mille milliards d’euros
Le potentiel économique mondial des CDR pourrait atteindre 470-935 milliards d’euros4 par an d’ici 2050 respectivement dans les trajectoires à +2,0°C et +1,5°C, au même niveau que l’industrie mondiale actuelle du cloud computing. Ce potentiel repose sur des réductions de coûts significatives pour toutes les méthodes de CDR, stimulées par les progrès technologiques et les économies d’échelle. Par exemple, les coûts du captage et du stockage directs du carbone dans l’air et de la bioénergie avec captage et stockage du carbone, de l’altération accélérée terrestre (ERW en anglais, pour Enhanced Rock Weathering) et de l’élimination du carbone par le biochar pourraient afficher des réductions de 35 à 85% par rapport aux niveaux de 2023 en cohérence avec des réductions observées sur d’autres technologies des transitions comme le photovoltaïque. Inversement, les méthodes fondées sur la nature pourraient subir des augmentations de coûts dues à la hausse des prix de la biomasse, à la concurrence foncière et à des exigences plus strictes en matière de mesure et de reporting.
L’Europe, dont le volume de CO2 potentiellement éliminé par les CDR devrait atteindre 750Mt en 2050, et la France (185MtCO2 en 2050), peuvent être des chefs de file du marché
Plusieurs membres de l’UE-27 sont bien positionnés pour dominer le marché mondial des CDR, notamment la France en raison de la qualité de sa recherche, sa capacité d’innovation, son secteur industriel et financier et les ressources disponibles pour les solutions naturelles (secteurs forestiers et agricoles) et technologiques (biomasse, électricité verte). L’engagement Net Zero à horizon 2050 doit stimuler la demande en CDR français, qui peut dépasser la simple élimination des émissions résiduelles (estimées autour de 60-80MtCO₂ en France à horizon
2050) et viser un marché à 50 milliards d’euros par an en 2050, créant jusqu’à 130000 emplois (respectivement 220 milliards d’euros en Europe pour 670000 emplois).
La France dispose d’atouts stratégiques majeurs pour accélérer le développement des filières CDR et s’imposer comme un acteur clé du marché mondial
Son engagement affirmé en faveur de la décarbonation s’accompagne d’une mobilisation croissante du secteur privé, où plus de 60% des entreprises du CAC 40 ont des objectifs validés par Science Based Targets initiative (SBTi). La richesse de ses ressources naturelles et territoriales, telles que ses 17 millions d’hectares de forêts, ses vastes surfaces agricoles, son mix électrique décarboné et son deuxième domaine maritime mondial, offre un potentiel unique pour des solutions naturelles, hybrides et technologiques d’élimination du carbone. Par ailleurs, la France bénéficie d’un écosystème d’acteurs robuste et dynamique, combinant grandes entreprises, start-ups innovantes et institutions académiques de premier plan. Ces atouts, renforcés par des infrastructures et une expertise reconnue, placent la France dans une position idéale pour catalyser le développement des CDR et répondre aux enjeux climatiques globaux.
La France peut structurer le déploiement de ses filières CDR autour de trois approches complémentaires et séquencées, en s’appuyant sur ses atouts spécifiques
La priorité immédiate consiste à massifier les solutions fondées sur la nature, comme l’amélioration de la gestion des forêts et des sols agricoles, qui représentent aujourd’hui le principal levier français grâce à leur maturité et leur potentiel à court-moyenterme. En parallèle, un tournant technologique est indispensable pour développer des solutions innovantes complémentaires, telles que le biochar, le DACCS ou le BECCS. Enfin, la France doit explorer ses opportunités uniques liées à l’océan, avec des approches encore émergentes comme la gestion du carbone bleu ou l’amélioration de l’alcalinité des eaux, s’appuyant sur son vaste domaine maritime et ses centres de recherche de pointe.
Des mesures décisives sont nécessaires dès aujourd’hui pour tous les acteurs de l’écosystème
Nous ne sommes pas actuellement en voie de réaliser le plein potentiel des CDR. Bien que des signes clairs indiquent que l’intérêt pour les CDR ne cesse de croître, beaucoup plus d’efforts sont nécessaires pour exploiter pleinement ses avantages. La réalisation de leur plein potentiel exige des efforts concertés de la part des décideurs, de l’industrie, des acheteurs et des investisseurs. Un plan d’action structuré souligne la nécessité pour les pouvoirs publics de définir une stratégie nationale, soutenir l’innovation et proposer des incitations financières, tandis que les producteurs doivent investir dans la recherche et renforcer les systèmes de suivi. Les acheteurs sont appelés à stabiliser des approvisionnements diversifiés et de long-terme, et les investisseurs à encourager des mécanismes financiers innovants, pour accélérer le déploiement des CDR à grande échelle.
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L’élimination du dioxyde de carbone (CDR) fait partie intégrante de l’atténuation du réchauffement climatique
L’élimination du dioxyde de carbone est essentielle pour atteindre les objectifs climatiques fixés par un consensus scientifique1 (GIEC, 2021) étant donnée les difficultés à décarboner efficacement l’industrie mondiale. La divergence entre les objectifs de réduction des émissions et les progrès réels liés à nos politiques actuelles renforce la nécessité d’une action urgente à cet égard. Alors que l’Accord de Paris, entré en vigueur le 4 novembre 2016, a galvanisé l’engagement mondial de limiter le réchauffement à +1,5°C, pour y parvenir, il faut que les CDR neutralisent les émissions résiduelles difficiles à réduire, notamment dans les secteurs dits «hard-to-abate » comme le ciment ou l’acier. Tous les scénarios du GIEC compatibles avec un réchauffement de +1,5°C ou +2°C incluent les CDR pour atteindre l’objectif Net Zero qui a émergé depuis la COP26. Pour des scénarios en ligne avec les trajectoires à +1,5°C et +2°C, les CDR doivent permettre d’éliminer entre 4,5 et 9 gigatonnes de CO₂ par an d’ici 2050.
Les méthodes de CDR ont une combinaison unique d’avantages, de co-bénéfices et présentant certaines limites, à équilibrer dans un portefeuille diversifié
Il existe un large éventail de méthodes de CDR qui peuvent être classées en trois catégories: élimination fondée sur la nature (par exemple, l’afforestation), processus naturels améliorés (par exemple, l’altération accélérée terrestre ou l’élimination du carbone par le biochar) et élimination fondée sur la technologie (par exemple, le BECCS2 ou le DACCS3 ). Chaque méthode varie en termes d’intensité technologique, de permanence, de potentiel de développement à l’échelle, de traçabilité et de coût. Par exemple, alors que la plupart des solutions fondées sur la nature peuvent être mises en place immédiatement pour des résultats économiques et environnementaux notables à moyen terme, les solutions reposant sur la technologie offrent une plus grande durabilité, respectant le principe de like-for like pour les émissions fossiles, sont actuellement plus coûteuses et moins matures sur le plan technologique.
Les CDR peuvent devenir une industrie mondiale de près de mille milliards d’euros
Le potentiel économique mondial des CDR pourrait atteindre 470-935 milliards d’euros4 par an d’ici 2050 respectivement dans les trajectoires à +2,0°C et +1,5°C, au même niveau que l’industrie mondiale actuelle du cloud computing. Ce potentiel repose sur des réductions de coûts significatives pour toutes les méthodes de CDR, stimulées par les progrès technologiques et les économies d’échelle. Par exemple, les coûts du captage et du stockage directs du carbone dans l’air et de la bioénergie avec captage et stockage du carbone, de l’altération accélérée terrestre (ERW en anglais, pour Enhanced Rock Weathering) et de l’élimination du carbone par le biochar pourraient afficher des réductions de 35 à 85% par rapport aux niveaux de 2023 en cohérence avec des réductions observées sur d’autres technologies des transitions comme le photovoltaïque. Inversement, les méthodes fondées sur la nature pourraient subir des augmentations de coûts dues à la hausse des prix de la biomasse, à la concurrence foncière et à des exigences plus strictes en matière de mesure et de reporting.
L’Europe, dont le volume de CO2 potentiellement éliminé par les CDR devrait atteindre 750Mt en 2050, et la France (185MtCO2 en 2050), peuvent être des chefs de file du marché
Plusieurs membres de l’UE-27 sont bien positionnés pour dominer le marché mondial des CDR, notamment la France en raison de la qualité de sa recherche, sa capacité d’innovation, son secteur industriel et financier et les ressources disponibles pour les solutions naturelles (secteurs forestiers et agricoles) et technologiques (biomasse, électricité verte). L’engagement Net Zero à horizon 2050 doit stimuler la demande en CDR français, qui peut dépasser la simple élimination des émissions résiduelles (estimées autour de 60-80MtCO₂ en France à horizon
2050) et viser un marché à 50 milliards d’euros par an en 2050, créant jusqu’à 130000 emplois (respectivement 220 milliards d’euros en Europe pour 670000 emplois).
La France dispose d’atouts stratégiques majeurs pour accélérer le développement des filières CDR et s’imposer comme un acteur clé du marché mondial
Son engagement affirmé en faveur de la décarbonation s’accompagne d’une mobilisation croissante du secteur privé, où plus de 60% des entreprises du CAC 40 ont des objectifs validés par Science Based Targets initiative (SBTi). La richesse de ses ressources naturelles et territoriales, telles que ses 17 millions d’hectares de forêts, ses vastes surfaces agricoles, son mix électrique décarboné et son deuxième domaine maritime mondial, offre un potentiel unique pour des solutions naturelles, hybrides et technologiques d’élimination du carbone. Par ailleurs, la France bénéficie d’un écosystème d’acteurs robuste et dynamique, combinant grandes entreprises, start-ups innovantes et institutions académiques de premier plan. Ces atouts, renforcés par des infrastructures et une expertise reconnue, placent la France dans une position idéale pour catalyser le développement des CDR et répondre aux enjeux climatiques globaux.
La France peut structurer le déploiement de ses filières CDR autour de trois approches complémentaires et séquencées, en s’appuyant sur ses atouts spécifiques
La priorité immédiate consiste à massifier les solutions fondées sur la nature, comme l’amélioration de la gestion des forêts et des sols agricoles, qui représentent aujourd’hui le principal levier français grâce à leur maturité et leur potentiel à court-moyenterme. En parallèle, un tournant technologique est indispensable pour développer des solutions innovantes complémentaires, telles que le biochar, le DACCS ou le BECCS. Enfin, la France doit explorer ses opportunités uniques liées à l’océan, avec des approches encore émergentes comme la gestion du carbone bleu ou l’amélioration de l’alcalinité des eaux, s’appuyant sur son vaste domaine maritime et ses centres de recherche de pointe.
Des mesures décisives sont nécessaires dès aujourd’hui pour tous les acteurs de l’écosystème
Nous ne sommes pas actuellement en voie de réaliser le plein potentiel des CDR. Bien que des signes clairs indiquent que l’intérêt pour les CDR ne cesse de croître, beaucoup plus d’efforts sont nécessaires pour exploiter pleinement ses avantages. La réalisation de leur plein potentiel exige des efforts concertés de la part des décideurs, de l’industrie, des acheteurs et des investisseurs. Un plan d’action structuré souligne la nécessité pour les pouvoirs publics de définir une stratégie nationale, soutenir l’innovation et proposer des incitations financières, tandis que les producteurs doivent investir dans la recherche et renforcer les systèmes de suivi. Les acheteurs sont appelés à stabiliser des approvisionnements diversifiés et de long-terme, et les investisseurs à encourager des mécanismes financiers innovants, pour accélérer le déploiement des CDR à grande échelle.