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Paiements : la croissance du chiffre d’affaires devrait diminuer de moitié pour atteindre 2,3 trillions de dollars en 2028

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Paris—Payer avec un portable, une montre, son œil ou sa main : alors que la digitalisation des paiements, autrefois moteur de la croissance, approche de la saturation dans les économies développées, les investisseurs exigent des modèles toujours plus rentables. Comment les acteurs du secteur peuvent-ils s’adapter en assurant leur croissance ?

C’est l’objet du 22ème rapport annuel BCG sur les tendances du secteur des paiements : Fortune Favors the Bold. Appuyée sur les statistiques des banques centrales et les projections macro-économiques de plus de 65 marchés dans le monde, cette étude souligne l’urgence d'une révolution pour assurer une croissance rentable et durable dans l'industrie des paiements.

« Le secteur des paiements entre dans une nouvelle étape de maturité. Les dix dernières années avaient été caractérisées par une forte croissance portée par la consommation, la transition vers le e-commerce et l’adoption accrue des paiements digitaux. On assiste à un tassement structurel dans la plupart des géographies et plus particulièrement en Europe” a déclaré Albane de Vauplane, Partner au BCG et co-autrice du rapport. “Pour rester compétitifs et renouer avec leur croissance historique, les acteurs des paiements font face à un enjeu de transformation tant de leurs moteurs de génération de revenus que de leurs opérations » complète Albane de Vauplane.

Une croissance ralentie dans toutes les régions

A l’échelle internationale, le taux de croissance annuel composé (TCAC) est estimé à 5 % jusqu'en 2028, pour atteindre un chiffre d'affaires de 2,3 trillions de dollars. Ce chiffre est nettement inférieur au taux de croissance annuel composé de 9 % enregistré au cours des cinq années précédentes, qui a porté le chiffre d'affaires mondial à 1,8 trillions de dollars en 2023.

  • Les marchés matures comme l'Amérique du Nord et l'Europe connaîtront les baisses de croissance les plus fortes, avec des augmentations de revenus projetées d'environ 3 % par an seulement.
  • L'Asie-Pacifique reste un moteur de croissance avec une progression de 6 % par an, alimentée par l'adoption croissante des paiements numériques et l'augmentation des consommateurs de la classe moyenne.
  • L'Amérique latine, le Moyen-Orient et l'Afrique devraient connaître des taux de croissance annuels plus élevés, 9 % et 7 % respectivement, grâce à l'accélération des paiements numériques sur les marchés émergents.
  • En France, les revenus totaux associés aux paiements devraient s’établir à 35 milliards de dollars en 2028 contre 32 milliards pour l’année 2023, avec une croissance induite de 2% par an contre 9% sur la période précédente.

Cette croissance ralentie intègre deux réalités : des revenus “transactionnels” qui continuent de croître à un rythme stable de 4% par an (contre 5% sur la période précédente), et un ralentissement beaucoup plus fort de la croissance des revenus plus largement associés aux paiements – par exemple la tenue de compte, le financement de transactions et les découverts.

Stabilisation de la part des paiements électroniques

Sur les marchés matures comme les États-Unis, le Royaume-Uni et les pays nordiques, la transition vers les paiements numériques est presque achevée, avec moins de 10 % des transactions des consommateurs en valeur toujours effectuées en espèces. Même les marchés traditionnellement dépendants de l'argent liquide, comme l'Allemagne, ont connu un net recul. La valeur des transactions en espèces dans les magasins y est passée de 50 % en 2010 à environ 25 % en 2023.

En France, la part des paiements en espèces dans la valeur des transactions en magasin a fortement diminué depuis 2018 : on estime que ce taux est passé de 28% en 2018 à 12% en 2023. L’augmentation de la part des paiements digitaux dans les transactions en magasin a notamment été portée par la pandémie. D'ici à 2028, on s’attend à ce que la part des paiements en espèces passe sous les 10% de la valeur des transactions en magasin.

Une nouvelle stratégie pour créer de la valeur pour les actionnaires

Historiquement, la croissance des revenus a été le principal moteur de rendement pour les actionnaires dans le secteur des paiements. Entre 2016 et 2021, la croissance des revenus a contribué à plus de 55 % du rendement total pour les actionnaires. Cependant, cette dynamique a changé depuis 2024 : la croissance du chiffre d'affaires, la croissance des bénéfices et l'expansion des multiples ont joué un rôle égal dans le rendement total des actionnaires.

Au niveau mondial, depuis 2021, les rachats d'actions, les dividendes et d'autres stratégies de rémunération du capital ont pris de l'importance et représentent aujourd'hui environ 36 % du rendement total pour les actionnaires.

33 % des investisseurs du secteur des paiements ont désormais un profil orienté “valeur” en quête de dividendes, de rachats et de retours sur investissement (contre 26 % en 2021). Cette évolution fait peser une pression supplémentaire sur un marché en mal de croissance et qui a besoin de financer sa transformation.

Moderniser les technologies pour rester compétitif

Alors que l’IA générative promet de révolutionner le secteur des paiements, l’adoption reste modeste chez les acteurs plus traditionnels.

Les cas d’usages sont pourtant établis, notamment pour stimuler le service à la clientèle, améliorer l'efficacité opérationnelle et renforcer la détection des fraudes. Si déployer ces cas d'usage nécessite pour les organisations plus traditionnelles des investissements préparatoires importants (gestion des données, technologie), les entreprises doivent agir dès maintenant pour ne pas se laisser distancer.

La transformation continue du paysage des paiements

Les systèmes de paiement en temps réel révolutionnent la manière dont les transactions sont traitées. En France, l’adoption du paiement instantané s’accélère : on estime qu’il représente environ 5% des opérations. Son adoption plus large, attendue avec la mise à disposition obligatoire et la gratuité en 2025, ne pourra se faire qu’à condition d’un renforcement de la lutte contre la fraude (20 fois supérieure lors des paiements digitaux que lors des virements SEPA), l’accélération de la transformation des back-office bancaires et l’identification de cas d’usage à valeur ajoutée.

L'essor des monnaies numériques des banques centrales (CBDC) est sur le point de perturber davantage le secteur : les paiements programmables offrent de nouveaux cas d’usage et une efficacité accrue dans les transactions financières.

Les résultats du premier test portant sur le règlement en monnaie de banque centrale ont été publiés en juin 2024 par la Banque de France. Les résultats sont prometteurs1 avec un règlement sûr et efficace, un processus d’émission effectué à J0 plutôt qu’à J+3 et J+5, une interopérabilité de la solution et une plus grande accessibilité.

La prochaine vague d’expérimentation est déjà en cours et devrait donner ses conclusions dans les prochains mois. Pour Albane de Vauplane, « l'industrie des paiements ne peut pas se contenter d'une gestion court-termiste et financière. Il y a un profond besoin de transformation pour accélérer l’innovation et remettre le client au cœur des processus. Ce mouvement ne peut se faire sans dégager des poches d’investissements significatives et mobilisables efficacement. Plus que jamais, la chance sourit aux audacieux”. 

1L’expérimentation, menée fin 2022 avec la Banque européenne d'investissement (BEI), Société Générale, Santander et Goldman Sachs a permis le règlement en monnaie de banque centrale, par le biais d’une solution de Monnaie Numérique de Banque Centrale (MNBC) interbancaire, de la première obligation tokenisée de la BEI émise sur une DLT privée et cotée en bourse.

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