Paris – Malgré la perspective de récession, le taux d’emploi est à son plus haut niveau depuis 1975 en France (68,3% au 3ème trimestre 2022 selon l’Insee) et les niveaux d’attrition atteignent des records. L’accélération des transformations digitales et durables, qui nécessitent des compétences particulièrement recherchées, maintiennent également les recruteurs sous tension. Dans ce contexte de crise des talents, la priorité pour les dirigeants est d’élargir la promesse employeur, au-delà du salaire et du travail hybride, et de s’assurer qu’elle soit palpable lors du processus de recrutement et au-delà. C’est l’objet de la nouvelle étude publiée par BCG et Cadremploi intitulée “What Job Seekers Wish Employers Knew”, basée sur une enquête menée auprès de 90 000 talents dans 160 pays, dont près de 1900 en France.
L’étude s’attache à déconstruire certains mythes et idées préconçues autour des attentes des travailleurs au niveau international. Par ailleurs, elle révèle des spécificités propres à la France :
Les difficultés de recrutement persistent et la compétition s’intensifie :
A la question « comment imaginez-vous votre carrière au long-terme ? », la majorité des répondants, en France comme à l’international, souhaite avant tout avoir un emploi stable et un bon équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie privée (59% en France vs 69% au niveau mondial). Néanmoins, différence notable, les talents français privilégient davantage le contenu de leur travail et le fait de travailler sur des sujets intéressants (50% en France vs 27% au niveau mondial). Rejoindre une nouvelle entreprise pour faire évoluer sa carrière arrive seulement en 4ème position (26%) pour les talents français (vs en deuxième position (41%) au niveau mondial). Enfin, trois ans après le début de la pandémie de Covid-19, le modèle de travail hybride est très largement plébiscité par les talents français (76% en France vs 54% au niveau mondial).
Dans les faits, lorsque les talents français se retrouvent face à une proposition d’emploi, le premier facteur pris en considération est l’adéquation entre les valeurs de l’entreprise et leurs valeurs personnelles (21%). L’équilibre vie personnelle – vie professionnelle (20%) arrive en deuxième position au même niveau que l’intérêt du contenu du poste (20%). La compensation financière (15%) n’arrive qu’en 4ème position, à égalité avec le fait d’avoir un travail qui a du sens (15%).
Ce classement diffère fortement au niveau international puisqu’en moyenne les talents privilégient le salaire (21%), suivi par l’équilibre vie professionnelle – vie personnelle (19%), la flexibilité dans les horaires et le lieu de travail (14%), la reconnaissance dans son travail (14%) et enfin l’adéquation entre les valeurs de l’entreprise et les siennes (12%).
« En France comme ailleurs, malgré la perspective de récession, les recruteurs restent sous tension. Le discours employeur ne saurait se limiter à la question du salaire et du travail hybride. Intérêt de la mission, perspectives de développement et expérience lors du processus de recrutement pèsent au moins autant dans le choix de candidat » souligne Vinciane Beauchene, directrice associée au BCG. « Par ailleurs, face à des taux d’attrition records, les entreprises qui feront la différence seront celles qui s’assurent que la promesse employeur se traduit bien dans l’expérience employé une fois le collaborateur recruté et tout au long de son parcours. »
L’étude s’intéresse également aux préférences de recrutement des talents :
« Au-delà des aspirations très fortes des salariés français en faveur d’un meilleur équilibre vie professionnelle-vie personnelle et de leurs attentes en faveur d’un mode de travail hybride, on assiste semble-t-il à une mutation profonde du rapport au travail » note Pierre Antebi, Directeur Exécutif du réseau The Network et l’un des auteurs du rapport. « Dans un contexte de pénurie de talents, un rééquilibrage semble s'opérer en faveur de ces derniers. Et c'est désormais aux employeurs d'être challengés : dans leurs méthodes de recrutement comme dans leur capacité à prendre en compte les attentes de leurs potentiels futurs collaborateurs. Ces attentes concernent notamment le processus de recrutement que les talents n’hésitent plus à interrompre s’ils estiment que leur expérience est négative. »
Enquête menée en août et septembre 2022 auprès de 90 000 répondants dans 160 pays par le BCG et The Network – dont 1861 en France. Les répondants sont inscrits sur les sites de recherche d’emploi partenaire de The Network (Cadremploi en France). Les données recueillies pour le rapport donnent un aperçu des préférences de recrutement des talents selon le sexe, l'âge, le niveau d'éducation, l’activité professionnelle, le niveau d’expérience professionnelle et le secteur d’activité.
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