83 % des entreprises considèrent l’innovation comme une priorité absolue, seules 3 % sont prêtes à atteindre leurs objectifs en la matière

Paris—Il a fallu 150 jours à Spotify pour atteindre un million d'utilisateurs. Instagram, environ 75 jours. ChatGPT ? Cinq jours seulement. Conscientes de cette accélération, les entreprises accordent plus d’importance que jamais à l’innovation. Pourtant, elles n’ont jamais été aussi mal équipées pour atteindre leurs objectifs. En 2023, 83 % des dirigeants (90 % en France) classent l’innovation parmi les trois principales priorités de leurs organisations. Néanmoins, selon un nouveau rapport publié par BCG, Innovation Systems Need a Reboot, seules 3% des entreprises peuvent être qualifiées comme étant « en position d’innover activement », un chiffre en chute de 17 points par rapport à la précédente édition (2022).

Cette étude, réalisée auprès de 1 000 dirigeants répartis dans 30 pays et 19 industries, vise à évaluer les capacités d’innovation des entreprises. Parmi les dirigeants interrogés par BCG, moins de la moitié (48%) estiment que leur organisation fait des efforts pour lier ses priorités stratégiques et sa capacité d’innovation, et seulement 12% estiment que les deux avancent de pair.

L’innovation : angle mort de la stratégie d’entreprise

Bien que l’innovation soit une priorité pour les dirigeants interrogés, 52 % d’entre eux identifient le manque de stratégie claire en matière d’innovation comme étant l’un des trois défis prioritaires de leur organisation (47% en France). Plus concrètement, seulement 30 % des entreprises, contre 36% en 2022, envisagent une actualisation de leur stratégie d’innovation. Dans un contexte macro-économique et géopolitique tendu, les efforts se concentrent ailleurs : 70 % des entreprises travaillent à l’optimisation des processus liés à l’efficacité et à la vitesse de leurs modèles opérationnels.

Plusieurs freins entravent par ailleurs la mise en place de stratégies d’innovation claires et alignées à la stratégie de l’entreprise. 47 % des dirigeants mentionnent ainsi la hausse des coûts du capital comme l’un de leurs trois grands défis (40% en France), suivie par les contraintes liées aux talents (44 % ; 43% en France). Enfin les dirigeants français sont 43% à évoquer l’absence d’une gouvernance robuste comme l’un de leurs trois défis principaux en termes d’innovation, contre seulement 27% dans le reste du monde. « Nous observons un manque d'engagement de la part des équipes dirigeantes. Les opportunités d'innovation technique et produit ne sont pas suffisamment analysées au regard des priorités stratégiques » déclare Mikaël Le Mouëllic, Directeur associé au BCG. « Un certain nombre d'organisations se laissent emporter par des tendances à la mode, sans stratégie claire pour concentrer leurs efforts », précise-t-il. « La priorité est d'engager les comités exécutifs sur des priorités concrètes d'innovation, avec des objectifs business ambitieux et rapides ».

L’IA générative comme levier d’innovation ?

Dans une précédente étude, 89% des dirigeants interrogés par BCG identifiaient l’intelligence artificielle générative comme l’une des trois principales priorités d’investissement technologique pour 2024. Les projets demeurent néanmoins limités : si 86 % des entreprises expérimentent l’intelligence artificielle générative sur leurs projets d’innovation (77% en France), seulement 8 % d’entre elles l'utilisent à grande échelle (3% en France).

 "L’intelligence artificielle générative présente un potentiel considérable pour transformer les processus d'innovation et permettre le développement de nouveaux produits, services et technologies.  Toutefois la plupart des entreprises n’ont pas encore identifié et mis en œuvre les opportunités les plus intéressantes. Sans boussole stratégique, les départements R&D risquent de s’essouffler et sous-performer.” déclare Mikaël Le Mouëllic.

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