PARIS, le 25 novembre 2021 - Hausse des coûts du transport, convergence des salaires, conscience écologique… Le phénomène de régionalisation industrielle est en marche depuis plusieurs années. Encouragée par l’épidémie de COVID-19, cette tendance va probablement être amplifiée. Quelle est la place de la France dans cette nouvelle compétition ? Pour y répondre, BCG publie la première édition de l’indice de la relocalisation et compare la compétitivité industrielle de la France avec celle des 19 plus grandes économies productrices de produits manufacturés, pour douze industries clés. Cet indice sera actualisé chaque année.
Celui-ci se fonde sur une analyse quantitative avec la création d’un outil intégrant les coûts de production, les coûts de transport, les émissions de CO2 et les délais de livraison. Ces coûts sont calculés sur la base d’une livraison en France. Une analyse qualitative complète cette vision : plusieurs groupes de travail regroupant une trentaine de dirigeants industriels, économistes et personnalités de l’industrie se sont regroupés à l’automne 2021.
La conclusion est sans appel : la France bénéficie d’une position contrastée sur l’échiquier international mais elle dispose d’une fenêtre d’opportunité sans précédent pour relancer sa compétitivité.
Coûts du transport : le COVID rebat les cartes de la compétitivité
Douze industries ont été analysées par BCG : l'agroalimentaire, les biens de grande consommation, l’électronique, la mode, le raffinage-pétrochimie, la biopharma, l'automobile, les matériaux de construction, la chimie, les métaux, la machinerie et l’aéronautique. Une industrie est jugée compétitive lorsque le pays se situe dans le Top 5 sur 20 pays étudiés.
L'indice, tel qu'il est construit, révèle que :
La France a globalement vu sa compétitivité progresser durant la crise COVID. Cela est principalement lié à l'augmentation des coûts de transport maritime. Ceux-ci ont augmenté de 400% en 2020 par rapport 2019, sous l’impulsion de pénuries liées au rebond économique provoquant des goulots d’étranglement. Avec des coûts de transports de 2019, la France ne serait dans le top 5 que dans trois industries (agroalimentaire, pétrochimie, chimie).
« Cette conjoncture pourrait durer de deux à trois années », précise Mouhcine Berrada, directeur associé au BCG. « Elle permet à la France d'avoir un temps d'avance mais le pays doit investir pour sa compétitivité – notamment grâce au digital – et sur des facteurs de compétitivité extra-financiers qui lui permettront de construire un avantage pérenne » précise-t-il.
Dans le cas d’industries sensibles à la durée de transport - telles que la mode - cet avantage compétitif vis-à-vis de géographies lointaines pourrait perdurer. Outre la moindre empreinte carbone, la faible durée de transport peut permettre de contrebalancer un prix final plus élevé et répondre à un besoin de flexibilité.
L’indice souligne des faiblesses dans des secteurs sur lesquels la France souhaite être souveraine et pour lesquelles plusieurs mesures spécifiques ont été annoncées au sein du Plan de relance (5G, biomédicaments, mini-lanceurs spatiaux…).
« Le COVID nous a rappelé l’importance de ces secteurs sensibles, l’indice souligne la faible compétitivité de notre pays sur ces derniers. Nous devons donc redoubler d’efforts pour accroître notre souveraineté » commente Mouhcine Berrada, Directeur associé au BCG.
Faible impact carbone : une force extra-financière pour la France
L’indice de la relocalisation a évalué l’impact d’un prix carbone - à 75 euros la tonne puis à 200 euros la tonne - sur la compétitivité des industries étudiées.
Contre toute attente et à l’exception du secteur de la mode, le coût du carbone a peu d'incidence sur la compétitivité des pays.
Classée parmi les pays les moins émetteurs de carbone sur la majorité des industries, la France dispose d’un véritable atout : son électricité faiblement carbonée. En effet, si le prix du carbone n’influence pas directement l’équation de la compétitivité, les émissions carbone seront un facteur clé de l'attractivité des pays pour des raisons extra-financières, telles que la pression des consommateurs et des régulateurs. Elles sont également de plus en plus scrutées par les industriels qui cherchent à réduire l’empreinte des produits qu’ils achètent (scope 3).
Enrichir la palette des atouts extra-financiers de la France
Pour se distinguer sur le long terme, la France doit activer plusieurs leviers extra-financiers. « La France et l’Europe ne décrocheront pas leur compétitivité grâce à la faiblesse de leurs coûts mais grâce à la qualité de leurs infrastructures traditionnelles, leur expertise en matière d'innovation, de R&D et leur capacité à attirer des talents » précise Mouhcine Berrada, Directeur associé au BCG.
Plusieurs propositions concrètes sont détaillées :
- Créer un avantage compétitif par l'agilité et la résilience
- Capturer la valeur induite par la conversion environnementale
- Renforcer l'attractivité de chaque filière et attirer les compétences rares
Méthodologie
L’indice de la relocalisation prend en compte les éléments suivants :
Contacts presse :
Claire Lebret - lebret.claire@bcg.com - 06 07 46 63 25
Julie Busson - juliebusson@little-wing.fr - 06 13 95 31 58