Paris—Ubisoft ayant annoncé le report de la sortie d'Assassin’s Creed Shadows, prévue fin 2024, cette décision illustre les nombreux défis auxquels l’industrie du jeu vidéo fait face. Entre la hausse des taux d’intérêt, les retards de production, les licenciements massifs et les échecs commerciaux, l'industrie du jeu vidéo fait face à une avalanche de défis. Longtemps synonyme de croissance à deux chiffres, cette industrie connaît aujourd’hui un sérieux coup de frein.
Alors qu’elle atteignait 13 % par an entre 2017 et 2021, la croissance annuelle a chuté à seulement 1 % entre 2021 et 2023. Face à ce ralentissement inédit, comment l'industrie du jeu vidéo peut-elle retrouver son élan ? Quelles stratégies innovantes les éditeurs de jeux peuvent-ils adopter pour s'adapter à un secteur en constante évolution ? Quel rôle pour l’IA générative ? C’est l’objet du dernier rapport BCG intitulé Leveling Up : The 2024 Gaming Report.
Parmi les enseignements clés du rapport :
Des coûts qui dépassent les revenus :
- Entre 2017 et 2021, les revenus mondiaux de l’industrie du jeu vidéo ont connu une forte progression, passant de 131 à 211 milliards de dollars. Ils devraient atteindre 221 milliards de dollars en 2024 et 266 milliards de dollars d’ici 2028, soit un taux de croissance annuel composé de 5 %.
- Cependant, cette croissance connaît un ralentissement post-covid depuis 2022. A titre d’exemple, les revenus mondiaux générés par les jeux sur téléphone sont passés de 64 milliards à 114 milliards de dollars entre 2017 et 2021, avant de diminuer pour atteindre 108 milliards de dollars en 2023.
- Au-delà du ralentissement de la croissance, l’industrie est confrontée à une augmentation significative des budgets de développement (cycles plus longs, marché de plus en en saturé). Le développement d‘un jeu à gros budget AAA dépasse souvent 100 millions de dollars. Ces coûts, qui progressent plus rapidement que les revenus, ont enregistré un taux de croissance annuel composé de 6 % pour les jeux AAA sur PC et consoles entre 2017 et 2022. Cette hausse devrait s’accélérer pour atteindre 8 % entre 2022 et 2028.
Face à ces défis, quelles stratégies adopter pour les éditeurs ?
- Exploiter davantage l’IA générative : de nombreux éditeurs prévoient d’accroitre leurs revenus en investissant dans des jeux plus immersifs et différenciants grâce aux gains d’efficacité générés par l’IA générative dans le développement de jeux.
- Développer les abonnements : le modèle d'abonnement, qui représente déjà un quart des revenus des jeux et services sur console, présente l'avantage de générer des revenus récurrents, au-delà des ventes initiales de jeux. L’émergence du cloud gaming favorisera également le développement de l’abonnement via une meilleure expérience utilisateur.
- Diversifier sa stratégie tarifaire en proposant des jeux moins élaborés à un prix standard (70$ pour un jeu AAA aux États-Unis) avec du contenu additionnel payant pour les joueurs les plus engagés. Une autre approche consiste à adapter les stratégies de tarification selon les marchés. Par exemple, les joueurs chinois sont ceux qui sont prêts à dépenser le plus pour un jeu solo AAA (jusqu’à 82 $ contre 53$ pour la moyenne mondiale).
- Explorer les opportunités publicitaires : seulement 30 % des joueurs réguliers s'opposent à la publicité. Cette dernière pourrait rapporter des revenus supplémentaires estimés entre 2 et 3 milliards de dollars d’ici 2028 pour les jeux sur PC et consoles.
- Investir dans les marchés émergents : 43 % des joueurs dans les économies émergentes (Chine ou Amérique latine) prévoient d’augmenter leur temps de jeu dans le futur, contre seulement 19 % dans les économies développées.
- Cibler des segments inexploités : Les générations plus âgées et les enfants représentent deux segments prometteurs pour l’industrie, notamment avec les jeux multigénérationnels (ex : Minecraft, Roblox).
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