Les jeunes Canadiens s’épuisent au travail et le stress contribue à une épidémie nationale de santé mentale qui coûte au pays plus de 200 milliard de dollars par an. Les entreprises ont la possibilité, voire l’obligation, de s’attaquer à cette crise en créant des cultures d’entreprise qui favorisent le bien-être mental comme facteur clé de performance, avec des systèmes intégrés qui permettent de façon proactive aux employés de prospérer.
Résumé
Un quart des Canadiens ont signalé des symptômes de troubles de santé mentale en 2021, 5 millions ont déclaré avoir besoin d’aide pour leur santé mentale et plus d’un tiers (35 %) se disent épuisés.
Cette crise a un impact disproportionné sur les jeunes. Environ 40 % des travailleurs canadiens âgés de 18 à 24 ans se trouvent à un « point de rupture » en matière de santé mentale. À l’âge de 40 ans, la moitié d’entre eux auront souffert d’une forme quelconque de maladie mentale.
Le travail est la principale source de stress pour les Canadiens. Mais bien que la plupart des organisations se soucient grandement de la santé et du bien-être de leurs employés, beaucoup ont été lents à reconnaître l’étendue de la crise. L’absence de stratégie, le manque de soutien et la stigmatisation de la santé mentale ont créé des cultures d’entreprise où les jeunes et leurs responsables se sentent découragés de parler de ces problèmes.
Mais une étude du Boston Consulting Group (BCG) montre que le travail vaut la peine d’être réparé. Notre étude révèle qu’investir dans la santé mentale et le bien-être peut créer un cercle vertueux, en générant des bénéfices massifs pour les Canadiens, les entreprises canadiennes et l’économie dans son ensemble. Grâce à des entrevues, des sondages et des groupes de discussion, nous avons appris que :
Des lieux de travail plus sains attirent les talents clés : Avec des taux de chômage à des niveaux historiquement bas, le Canada dépend de plus en plus des jeunes travailleurs. Mais pour les attirer, il faut changer les cultures organisationnelles. Deux fois plus de travailleurs de la génération millénaire et de la génération Z que les baby-boomers affirment vouloir une culture d’entreprise qui priorise la santé mentale et le bien-être, ce qui signifie que les organisations qui sont à l’avant-garde dans ces domaines auront l’avantage d’attirer les meilleurs talents.
- Les travailleurs engagés sont nettement plus productifs : Au Canada, les travailleurs dont le bien-être mental est faible manquent en moyenne cinq jours de travail par an et font le strict minimum pendant 37 autres jours. Les entreprises qui prennent des mesures pour favoriser le bien-être de leurs employés ont vu leur productivité s’améliorer de 13 % en moyenne.
- Une productivité accrue entraîne une plus grande prospérité nationale : Une augmentation moyenne de 13 % des taux de productivité aurait un impact important et positif sur la croissance économique du pays : le produit intérieur brut passerait de 108 000 dollars par employé aujourd’hui à 122 000 dollars, et le bénéfice moyen par employé pour les entreprises canadiennes passerait de 21 000 dollars à 24 000 dollars.
Le bien-être au travail est un moteur de croissance, mais les entreprises devront modifier leurs pratiques et leur culture pour la mettre en œuvre. Les entreprises que nous avons interrogées et affichant le meilleur rendement ont un objectif commun: devenir l’organisation à laquelle tout le monde veut se joindre. Voici les étapes à suivre pour commencer ce parcours.
- Faire de la santé mentale et du bien-être une priorité stratégique de l’entreprise : Pour que le bien-être au travail s’améliore considérablement, les dirigeants doivent aborder le sujet de la même manière qu’ils le font pour toute occasion concurrentielle majeure, soit en établissant une vision, en définissant des objectifs et en créant un plan d’affaires. Les hauts dirigeants doivent être visiblement et activement impliqués, et l’équipe de planification doit également inclure des minorités visibles et des membres de la communauté LGBTQ+.
- Développer des leaders génératifs : Grâce à l’encadrement, aux cours et aux simulations, les cadres peuvent apprendre des façons efficaces de fournir une rétroaction constructive et de s’assurer que tous les travailleurs, en particulier les plus jeunes, se sentent vus, entendus et valorisés. Dans le cadre de cet effort, les dirigeants doivent également élaborer des plans d’action individualisés comportant des engagements clairs et observables qu’ils partageront avec leurs pairs et leurs équipes. Les engagements publics permettent de s’assurer que les dirigeants se sentent personnellement responsables de modéliser le comportement que nous voulons voir plus largement dans l’organisation.
- Renforcer la résilience des employés : La formation sur la résilience devrait commencer dès le début du mandat d’un(e) employé(e), car les recherches montrent que les habitudes de travail s’ancrent au cours des cinq premières années de la carrière. L’un des moyens les plus efficaces de partager l’apprentissage est de raconter des histoires et de créer des occasions pour les dirigeants et les cadres de partager des moments où ils ont rencontré des difficultés et comment ils ont surmonté ces défis. Les organisations qui affichent un haut rendement investissent également dans des ressources autodirigées que les employés peuvent utiliser à leur propre rythme et selon leur emploi du temps. Il peut s’agir d’applications de pleine conscience, d’espaces physiques où les employés peuvent se déconnecter du travail, de cours de santé et de programmes basés sur des activités.
- Fournir un soutien structuré : Il est essentiel de rendre les interventions cruciales facilement accessibles. La création de sites Web ou d’applications regroupant les ressources disponibles en un seul endroit, facile à parcourir, peut contribuer à améliorer la connaissance et l’utilisation des programmes existants sur le lieu de travail. Il est également important de disposer de conseillers d’orientation professionnelle externes sur lesquels les jeunes travailleurs peuvent s’appuyer et d’un réseau de services médicaux externes auxquels les employés peuvent accéder. Enfin, les organisations doivent créer des supports de politique d’entreprise qui aident les gestionnaires et les RH à comprendre comment avoir des conversations productives avec les employés. Ces conseils peuvent les aider à gérer les zones d’ombre et à comprendre quand les ressources externes peuvent être les plus utiles.
C’est le moment d’agir. Changer les cultures d’entreprise est un parcours que les organisations doivent commencer aujourd’hui. Le BCG s’est engagé à faire ce même voyage. Nous pensons que le bien-être peut ouvrir une source de croissance, en améliorant la qualité de vie des Canadiens, en augmentant la productivité et la compétitivité des entreprises canadiennes, et en aidant à attirer et à retenir la prochaine génération de talents canadiens.
Nous avons élaboré ce rapport dans l’espoir de susciter le dialogue et nous nous réjouissons de poursuivre la discussion avec vous.
Introduction
Les jeunes Canadiens s’épuisent au travail et le stress non maîtrisé contribue à une épidémie nationale de santé mentale.
Un quart des Canadiens ont déclaré souffrir d’une forme quelconque de maladie mentale en 2021, et 5 millions ont dit avoir besoin d’aide pour gérer ces besoins, ce qui fait de la maladie mentale la principale cause d’invalidité au pays.
Les jeunes sont touchés de façon disproportionnée. Nouvellement arrivés sur le marché du travail et ébranlés par des années de bouleversements liés à la pandémie, pas moins de 40 % des travailleurs âgés de 18 à 24 ans déclarent avoir atteint un « point de rupture » en matière de santé mentale. Au rythme actuel, près d’un Canadien sur deux souffrira d’une maladie mentale avant l’âge de 40 ans. Cependant, le manque d’attention de la part des organisations et la stigmatisation qui entoure le débat sur la santé mentale font que ces problèmes restent largement occultés et ne sont pas abordés.
Outre le bilan humain stupéfiant, le déclin de la santé mentale a également un impact économique important. Une étude menée par le Boston Consulting Group révèle que les coûts directs et indirects au Canada dépassent les 200 milliards de dollars par an.
Bien que le travail puisse être une source clé de stress, il peut également être à l’origine du rétablissement du Canada. L’analyse du BCG montre que l’évolution des cultures et des pratiques sur le lieu de travail pour favoriser le bien-être peut ouvrir une source de croissance, en améliorant la qualité de vie des Canadiens, en augmentant la productivité et la compétitivité des entreprises canadiennes et en aidant à attirer et à retenir la prochaine génération de talents canadiens.
Le présent document examine les domaines dans lesquels la santé au travail se dégrade et ce que les organisations peuvent faire pour transformer le bien-être en source de croissance.
Le Canada connaît une crise de la santé mentale
À la fin de 2022, le BCG a interrogé plus de 1 300 jeunes travailleurs canadiens et a mené plus de 30 entretiens avec des employés, des cadres, des dirigeants et des experts sur le terrain pour savoir comment leur lieu de travail contribuait à leur bien-être mental.
Ce que nous avons appris est troublant. Chaque année, 20 % des Canadiens sont confrontés à une forme ou une autre de problème de santé mentale. La pandémie a été un facteur aggravant, mais le nombre de Canadiens qui disent être aux prises avec des problèmes de santé mentale a augmenté même avant la crise de la COVID-19, augmentant de plus de 13 % par année depuis 2016.