Managing Director & Partner
Paris
Cet article a été rédigé en collaboration avec les équipes de Matawan
Face à la congestion croissante des métropoles et aux objectifs ambitieux de réduction des émissions de CO2, les villes doivent réinventer leur mobilité. Plus qu’un recours aux grands projets d’infrastructures, c’est dans la technologie et les solutions collaboratives que réside l’avenir des transports publics.
Par Nicolas Manuelli, directeur associé au BCG, Benjamin Fassenot, Partner au BCG & Gilles Trantoul, Chief Marketing officer chez Matawan, plateforme numérique qui facilite le voyage intermodal.
C’est un record dont Paris se serait bien passé. Entre le 27 avril et le 27 mai 2024, la capitale de la France a été la ville de plus de 500 000 habitants la plus embouteillée du monde, devant Londres, New York ou
Dans la plupart des grandes villes du Vieux Continent, l’accès à des systèmes de transports publics robustes et fiables demeure inégal. Pourtant, depuis 2018, un projet européen de mobilité durable incite à favoriser les modes de transports plus verts. L’objectif : réduire les émissions de CO2 de 35 % d’ici à 2030 pour les voitures et de 30 % pour les
Les voyageurs sont prêts au changement
Or, les questions budgétaires ne devraient pas être un frein à l’amélioration de la mobilité urbaine. Les solutions ne passent pas toutes par de grands projets coûteux et lourds à mettre en œuvre. Plutôt que de se concentrer uniquement sur des infrastructures massives, la clé réside dans une approche plus subtile, consistant à tirer parti des nouvelles technologies et à travailler en écosystèmes. Le contexte s’y prête. D’abord, parce que les voyageurs sont mûrs. Selon la Banque européenne d'investissement, 64 % des Européens se disent prêts à préférer les transports publics à la voiture si ceux-ci répondent à leurs
Ce ne sont pas moins de quatre défis qui doivent être relevés en même temps:
Intelligence artificielle et systèmes ouverts
Pour répondre à ces quatre impératifs, les villes gagneront à recourir beaucoup plus massivement aux nouvelles technologies. À commencer par l’intelligence artificielle. Ses capacités d’analyse sont le moyen de prédire l’affluence en fonction des jours de l’année et des modes de transport. Elle peut aider à optimiser le tracé des routes, le volume des flottes de véhicules ou à prédire leurs besoins en maintenance. Elle tient à jour les plans des réseaux, aide les utilisateurs à anticiper des retards, des déviations ou encore à choisir la meilleure combinaison de transports pour arriver au plus vite. Paris l’utilise déjà pour anticiper les flux de passagers dans les transports en commun. Lille pour répartir au mieux son parc de vélos en libre-service. Dijon pour centraliser la gestion de ses équipements urbains connectés.
De nombreuses métropoles devront aussi revoir leurs systèmes informatiques, trop souvent fermés – c’est-à-dire incapables d’interopérer avec d’autres réseaux numériques sans de longs et coûteux développements. Impossible aujourd’hui de penser qu’un seul système peut se suffire à lui-même : il faut pouvoir échanger avec d’autres grâce à des APIs (interface de programmation d'application). Par exemple, le système de gestion de l’exploitation des bus/tram doit être branché au système de billettique, qui, lui, doit être connecté aux applis utilisées par les usagers. Et tous doivent être reliés au système de planification.
Des solutions pensées pour le confort des usagers
L’interopérabilité est également favorisée par le recours au cloud computing. Dans les solutions de mobilité historiques, l’intelligence résidait dans les équipements, qui fonctionnaient en boucles fermées. On validait par exemple son titre de transport sur une borne autonome. Il était alors impossible de faire évoluer facilement la grille tarifaire et le partage de données en temps réel était limité – sans parler de son coût. En déportant l’intelligence de son réseau dans le cloud, la ville de Barcelone a pu considérablement affiner l’analyse de ses données et a optimisé ses services de transports – de la coordination entre les différents modes jusqu’à la gestion des travaux
Reste enfin à penser ces technologies pour le confort des utilisateurs. Le meilleur exemple est sans doute celui des réseaux permettant de payer son trajet via son téléphone portable, ou même directement avec sa carte bleue. Le recours à des solutions conçues autour de l’usager fluidifie son parcours et permet de le suivre de bout en bout (de manière anonyme) en simplifiant son passage d’une infrastructure à une autre (de bus vers tram, de train à vélo…). C’est aussi une façon d’aider des interfaces comme Google Maps, ou des assistants basés sur l’IA, à apporter des réponses fiables aux voyageurs en collectant leurs données.
Optimiser l’existant grâce aux nouvelles technologies
Faudra-t-il du passé faire table rase ? Non, au contraire. Les villes ont tout intérêt à valoriser les investissements existants, tout en coordonnant un écosystème de fournisseurs innovants. La clé pour faciliter la transition est de se tourner vers des technologies sachant gérer le passé ET le futur. C’est le cas par exemple de certains systèmes de billettique dans le cloud qui savent gérer les cartes de transports des années 2000 ainsi que les tickets dématérialisés.
Dans la même logique, mieux vaut privilégier des produits et des plateformes standardisés, car les projets sur mesure, s’ils répondent parfaitement aux besoins des autorités concernées, se révèlent souvent difficiles à maintenir dans le temps. À l’heure des plateformes de streaming musical, on n’imaginerait pas un diffuseur de podcast développer sa plateforme spécifique pour diffuser son contenu. L’approche SaaS (software as a service), qui monte en puissance depuis 20 ans, permet, à cet égard, un travail communautaire : avec elle, les éditeurs conçoivent des logiciels pour l’ensemble de leurs clients, réutilisables et évolutifs dans la durée.
Pour accélérer la décarbonation des villes sans grever lourdement leurs finances, ces mêmes autorités peuvent s’appuyer, en France comme en Europe, sur un écosystème riche d’éditeurs au service de la mobilité, au savoir-faire mondialement reconnu. Il ne s’agit plus d’une vision futuriste : les technologies sont aujourd’hui matures, éprouvées et ont démontré leur efficacité. Il appartient désormais aux autorités publiques de quitter le rôle de concepteur IT pour endosser pleinement celui de chef d’orchestre. Leur mission : mobiliser ces acteurs et les faire travailler à l’unisson afin de donner naissance à des solutions innovantes, simples et durables pour les usagers. L’attractivité des villes de demain se décide aujourd’hui, et il est grand temps que les pouvoirs publics jouent leur rôle pour faire entrer les transports publics dans le 21ème siècle.
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